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Cuisine et dissidence
25 octobre 2010

Le Paris-Brest

Ou comment une roue de vélo peut ressembler à une fleur, un gentilhomme à une racaille, ladite fleur être délicieuse et Mozart prendre la tête. Heureusement, tous les médiocres seront absous.

bv000003 J’ai rencontré un matin, non point devant la haie de mon champ mais non loin d’une bibliothèque où j’ai mes habitudes, un grand échalas qui se croyait très drôle. Il m’abordât alors que le bonhomme était au rouge et moi perdue dans mes pensées (je tentais vainement de me souvenir si l’on mettait de la crème pâtissière ou de la crème mousseline dans un Paris-Brest). En général, ça me donne l’air revêche, mais il ne m’en tint vraisemblablement pas rigueur. Me mettant sous le nez sa carte d’invalide civil, il engageât la conversation et me prévint sur le champ de ce qui m’attendait en m’annonçant qu’il était humoriste.

La carte d’invalide, c’était parce qu’il était « en mode drague », et que c’est bien connu, faire rire est la clé. Ce à quoi je répondis que ce n’était pas drôle, seulement bizarre.

Devant son refus de me lâcher la grappe, je le laissai s’accrocher à mes basques. Peut-être aurais-je du me montrer plus ferme mais j’étais  à vrai dire obnubilée par mon Paris-Brest, et de surcroît certaine qu’il ne me suivrait pas dans la bibliothèque où il est impossible de raconter très fort des imbécilités sans s’attirer les foudres de celles qui ont fait voeu de silence pour les autres en ce domaine sacré.

Je répondis même à ses passionnantes questions, persuadée qu’il comprendrait de lui-même que nous n’avions rien en commun, ce qui donna naissance à ce stupéfiant dialogue :

- Alors, tu vas où comme ça ?

- A la bibliothèque.

- Ah ouais ? … Et tu vas faire quoi là-bas ?

- Chercher la meilleure recette de Paris-Brest.

- Ah ouais, dit-il encore comme s’il savait de quoi je parlais, tu vas voir sur internet ?

Là, je marquai un temps. Ensuite, je respirai et m’efforçai de faire la réponse la plus neutre possible. La suite de ma phrase aurait pu être : « Oui, mon gars, tu sais, les trucs avec des feuilles attachées ensemble », mais je me retins.

- Non. Dans des livres.

- Ah ouais… Ah ouais… Et tu vas en faire quoi ?

Vraiment, à ce moment je crus que c’était une blague. Je dis simplement :

- Un Paris-Brest, en songeant que des deux, l’humoriste, c’était moi.

Logiquement, j’aurais du être délivrée en arrivant à ladite bibliothèque. Sauf que ce jour-là était jour de grève et que les prêtresses du silence étaient restées chez elles.

            Il fallut donc que je fasse le sale boulot. Il fallut que je démontre à Hakim que ça ne pouvait pas marcher entre nous. Il fallut que je devienne désagréable. Il fallut que je presse le pas et que je l’envoie paître. Bref, il fallut que j’entame sérieusement mon capital de bonnes énergies à cause de lui, que je serre les dents, que je sois ferme et que je m’éloigne en bouchant mes oreilles et en tentant de me convaincre que ce n’était pas ma faute…

Dites-moi, dites-moi, où sont passés mes héros courtois ? Où se cachent ces gentilshommes qui nous rendaient si fiers ?

            Heureusement, le lendemain les vigiles rouvraient les portes de mon havre de paix littéraire, je retrouvai mon rayon pâtisserie et dénichai dans « Sensations » de Philippe Conticini la potentielle recette ultime du Paris-Brest.

            Je suis pour les droits d'auteur donc je ne la noterai pas ici d’autant plus que je n’y ai apporté aucune modification… Surtout en réalité parce que de mon côté la préparation a été assez confuse et je ne suis absolument pas sûre que ma production ait quoi que ce soit à voir avec l’original auquel il vaut cent fois mieux se référer !

Par contre, quelques remarques :

- Le crumble sur la pâte à chou vaut la peine d’être essayé, à mon avis. Il ajoute une texture croustillante sur le dessus et même visuellement, c’est plutôt intéressant.

- La crème pâtissière semble assez lourde au départ mais si l’on est appliqué et que, comme dit le chef, on la fouette bien cinq minutes une fois qu’elle a refroidi, elle s’aère, s’allège et devient vraiment excellente! Surtout, elle ne laisse pas cette impression de gras au palais que l’on sent parfois après quelques bouchées de Paris-Brest.

- Le mien a une espèce de forme de fleur parce que j’ai voulu suivre jusqu’au bout les indications du livre mais il se peut que je me sois trompée quelque part. Il n’y avait malheureusement pas de photo… Quoi qu’il en soit, c’était plutôt joli comme ça (et pratique pour découper des parts)!

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- Oui, je sais, j’ai eu la main lourde sur le sucre glace…

            Je ne sais pas si cette recette est ultime, je manque d’expérience et de points de comparaison pour l’affirmer mais c’était vraiment, vraiment très bon !

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Pour finir, il me restait un peu de pâte à chou et de pâte à crumble. J’en ai fait des micro chouquettes, pas très sucrées, croustillantes, c’était plutôt réjouissant à l’aspect comme au goût !

 

J’ai passé cette matinée aux fourneaux avec dans la tête le « confutatis » du requiem de Mozart. J’avais regardé la veille Amadeus, pour la première fois parce que je n’ai jamais été très sensible à la musique de Mozart…

Je n’ai finalement pas été emballée. Cela dit, le personnage de Salieri vieux, l’homme qui a combattu dieu du haut de ce qu’il savait n’être que sa médiocrité, est magnifique. Ses dernières phrases sauvent sans doute beaucoup du film.

 

 

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