Trop gros pour être vrai
"Ici, dans l'Imperium, la publicité était très sévèrement réglementée: l'objet proposé devait être nouveau, naturellement agréé par la commission de progressistique, et par conséquent apporter un avantage d'usage. Cette nouveauté et cet avantage était présentés et décrits par des personnages neutres, correctement vêtus, ni beaux ni laids, neutres. C'est tout. Dans l'autre monde, c'était naturellement tout à fait différent. Les "publicitaires" de là-bas, présentés chez nous comme d'avérés voleurs menteurs, jouissaient chez eux de renommée, de considération, de respect, voire d'admiration unanimes, ce qui choquait tellement les Européens: imaginez que, pour vous vendre une voiture, on vous présente un petit film où évoluerait une jolie femme somptueusement maquillée, presque nue, robe légère cheveux-légers-qui-volent-au-vent en flirt tendre de charme enjoué avec un superbe jeune élégant gandin sport habillé mode, clefs en mains? Non mais vous imaginez? On nous prendrait pour des cons! Eh bien là-bas, mon cher, c'est tous les jours, trois fois par heure, sur des dizaines de chaînes..."
Extrait d'Europia, de Jean-Claude Albert-Weil